Emmanuel Hervé, Paris, Marseille
Zin Taylor, Jean-Simon Raclot, Tina & Charly
Comme les lettres d’un mot qui évoluent en une phrase, l’œuvre de Zin Taylor est façonnée par une accumulation d’unités. Dans ses propositions, des éléments modulaires se mêlent pour développer un langage formel distinct. Une morphologie qui est uniquement capable de traduire une idée en quelque chose d’actif, de génératif, d’autre. Dans une conversation, les pensées sur un sujet se transforment en formes sur un sujet, et à partir de ces formes, un langage d’abstraction commence à émerger comme outil de composition : le point s’étire pour devenir une bande, la bande se courbe en zigzag, le zigzag s’adoucit en courbe, et une description de ce à quoi la pensée peut ressembler devient visuelle.
Jean-Simon Raclot, nous invite à découvrir une série de tableaux et dessins aux teintes majoritairement acidulées, «chlorophyliptique » fourmillants de touches intenses comme irradiantes donnant un accent fantastique à l’ensemble des propositions. Images mémorielles, ayant rapport avec le parcours du peintre qui a expérimenté le retrait et la solitude afin de nous ramener ces toiles empreintes d’une douce mélancolie fluorée. À l’heure où le dérèglement climatique est au cœur de l’actualité, ce dérèglement chromatique offre comme un filtre puissamment onirique évoquant tour à tour d’autres temps, d’autres lieux. Pensons aux paysages d’Alien de Ridley Scott, «Cobra verde », l’Enfer Vert, cette jungle au cœur des ténèbres. L’humain rôde masqué ou désaxé au sein de ce théâtre vide. Vers les verts au plus près d’un vertige.
Résidants en ville depuis 3 ans, Tina et Charly s’intéressent aux questions d’urbanisme, de surveillance globalisée de l’espace public et créent des liens entre notre génération et celle de demain pour questionner les enjeux politiques liés aux nouvelles technologies. L’espace qui les entoure induit leurs créativités, c’est pour cette raison que la déambulation et la rencontre sont des éléments essentiels dans leur processus de création. D’une part, l’environnement dans lequel ils évoluent, leur permet de définir le statut politique, sociologique et culturel de leurs oeuvres. D’autre part, il leur permet d’ancrer leurs créations dans différents niveaux de réalité. À l’heure d’internet, prendre conscience du corps comme outil de pensée, de partage, de connexion leur semble indispensable pour appréhender le vivant et revenir à des valeurs de sobriété. Matériaux de récupération, troc, collaboration sont des termes courants dans les travaux du binôme.