Showroom Prix Région Sud Art 2024

Depuis ses débuts, Art-o-rama s’attache à participer à la professionnalisation de jeunes artistes et leur permet de rencontrer différents acteurs du milieu de l’art — galeristes, critiques, collectionneurs…

 

Avec le Prix Région Sud Art financé par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, le salon offre chaque année une visibilité à la jeune création issue des Écoles d’Art de la Région Sud, Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce Prix s’adresse aux artistes diplômé·es depuis 5 ans maximum d’une école des beaux-arts de la Région Sud.

 

La section Showroom met ainsi en lumière le travail de quatre artistes sélectionné·es par un·e commissaire d’exposition. Il·elle les accompagne dans la présentation de leur travail, produit un texte critique et introduit leur travail auprès des galeristes et éditeur·rices participant·es qui sont ensuite invité·es à désigner par vote le·la lauréat·e du Prix Région Sud de l’année. Le·la lauréat·e est exposé·e l’année suivante dans la section principale d’Art-o-rama à la suite d’une résidence de deux mois à Moly-Sabata / Fondation Albert Gleizes. Il·elle reçoit une bourse de production de 2000 € et un catalogue est publié. Depuis 2021, les artistes du Show-room bénéficient également d’un nouveau programme de résidences au sein d’un réseau régional de lieux et centres d’art partenaires. Les 3 autres artistes sont chacun·e accueilli·es par une des résidences suivantes : Centre d’Arts Plastiques Fernand Léger de Port-de-Bouc, Centre d’Art Contemporain de Châteauvert et Voyons-Voir, art contemporain & territoire.

 

Le Prix Région Sud Art constitue souvent pour les artistes une première expérience dans un environnement commercial d’envergure internationale et permet aux galeries qui participent à Art-o-rama de découvrir des artistes formé.e.s dans notre région. Il est un véritable outil de professionnalisation par la mise en avant de leur travail auprès d’un large public, tout autant amateur que professionnel. Il est l’opportunité de rencontres, souvent de ventes et de premières collaborations avec des galeries.

 

 

Francesco Tenaglia – Curateur 2024

Francesco Tenaglia enseigne la critique et la théorie de l’art à Bauer et à la Nuova Accademia delle Belle Arti (NABA) à Milan. Il est commissaire d’exposition indépendant et cofondateur et directeur artistique de l’espace d’exposition Sgomento Zurigo, basé à Zurich. Ses écrits ont été publiés dans diverses publications, notamment Flash Art, Frieze, ArtReview, Mousse (où il a été rédacteur en chef) et Spike (où il occupe le poste de rédacteur en chef adjoint).

 

Artistes sélectionné·e·s pour Art-o-rama 2024

             

Théo Combaluzier 

Au croisement de l’architecture vernaculaire et de la sculpture contemporaine, le travail de Théo Combaluzier émerge d’une étude de la relation entre résilience et changement dans les espaces domestiques et urbains des petites villes françaises. Son approche résonne avec des idées similaires à celles d’Amos Rapoport : comme l’architecte et anthropologue né à Varsovie, Combaluzier reconnaît que les formes de construction traditionnelles ne sont pas simplement des produits du climat et des matériaux, mais qu’elles façonnent et sont façonnées par les structures sociales et les valeurs culturelles. Cette perspective s’inscrit dans la lignée de l’ouvrage fondateur de Rapoport, « House Form and Culture » (1969), qui explore l’interaction complexe entre les environnements bâtis et les normes sociétales. Pour le Prix Région Sud, Combaluzier dévoile de nouvelles sculptures qui poursuivent son exploration artistique. Chaque pièce est une forme hybride d’espace domestique, conceptuellement déconstruit et reformé. S’inspirant de vues en coupe éclatées de matériaux de construction, il a créé ce qu’il appelle des « portraits d’espace » – des études de texture tridimensionnelles qui révèlent le potentiel narratif d’éléments architecturaux souvent négligés. Ces installations ne se contentent pas de réimaginer l’architecture, elles encapsulent également des souvenirs et des histoires, servant de liens tangibles entre le passé et le présent. Né en 1999 à Privas, en Ardèche, Combaluzier est profondément lié à sa région natale et sa pratique en est imprégnée. Après avoir terminé ses études à la Villa Arson (Nice) en 2023, il est retourné en Ardèche, où l’architecture vernaculaire locale continue d’alimenter sa pratique. La technique de Combaluzier combine la mimesis, l’accumulation et l’improvisation. Ses sculptures s’attaquent à des éléments marginaux ou discrets de l’environnement bâti, transformant le banal en installations énigmatiques qui invitent à une réflexion sur le collectif et le personnel. Récemment, une phrase du livre de photos « A Way of Life : Notes on Ballenberg » l’a captivé : « Vous regardez, mais voyez-vous ? Cette question résume son désir d’interpeller les spectateurs, en les encourageant à s’engager plus profondément dans les stimuli architecturaux qui façonnent les paysages et sont porteurs d’une signification culturelle. En explorant les formes et les matériaux, le travail de Combaluzier se rattache à la fois au minimalisme et au conceptualisme, offrant de nouvelles perspectives sur la manière dont nous habitons et percevons l’espace. Sa pratique est une recherche permanente sur la façon dont les traditions locales façonnent notre compréhension du lieu et de la communauté, nous invitant à voir l’extraordinaire dans le quotidien et à reconnaître les couches d’histoire ancrées dans notre environnement.

@teho.coco

 

Noria Kaouadji

Noria Kaouadji (née en 1996 à Strasbourg) est une artiste plasticienne qui travaille à l’intersection de la photographie, de l’installation et de l’art conceptuel. Sa pratique, nourrie par des études à l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy et à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, explore la relation entre les images et les espaces dans des contextes contemporains. Le travail de Kaouadji examine souvent les tensions entre les espaces et les images, se manifestant sous diverses formes qui explorent les éléments hors champ, l’abstraction et la matérialité. Elle aborde les espaces d’exposition comme des extensions de l’expérience photographique, en intégrant divers médias et interventions spatiales dans ses présentations. Les travaux récents de Kaouadji ont été influencés par son expérience sur un site archéologique préhistorique. Cela l’a amenée à incorporer des concepts de stratigraphie dans son processus artistique, en utilisant l’idée d’une excavation en couches comme métaphore de la perception visuelle et temporelle. Son travail joue souvent avec les idées de profondeur, à la fois physique et conceptuelle, en relation avec la création d’images et l’agencement spatial. Dans ses travaux photographiques, Kaouadji explore fréquemment l’espace entre l’abstraction et la figuration, la documentation et la mise en scène. Sa préférence pour les papiers mats et texturés souligne les qualités physiques de l’objet photographique, encourageant à considérer l’image comme une présence matérielle. La pratique de Kaouadji implique également la représentation d’objets trouvés et de fragments retirés des cadres contextuels traditionnels, d’une manière qui ouvre des possibilités d’interprétations multiples. Le texte est un autre élément crucial du travail de Kaouadji, souvent intégré dans ses installations. Ces éléments textuels servent à la navigation dans l’espace d’exposition et contribuent à l’expérience globale des environnements qu’elle conçoit. Les recherches artistiques de Kaouadji s’étendent aux projets éditoriaux, où elle élargit encore sa pratique. Currently based in Marseille, Noria Kaouadji continues to develop her practice, exploring new ways to engage with photographic, textual and spatial ideas. Her work encourages close attention to the overlooked aspects of our visual and spatial environments, offering perspectives on the layered nature of contemporary experience.

@noriakaouadji

 

 Cassandra Naigre

Extrayant des motifs des façades abandonnées dans les Caraïbes, Cassandra Naigre transforme les fantômes architecturaux en œuvres d’art vibrantes et multidimensionnelles. Leur pratique, une danse rituelle entre le passé et le présent, tisse des liens entre la peinture, la sculpture et l’écriture pour explorer l’interaction complexe entre les géographies et les identités. Né en 1996 à Montreuil, le parcours de Naigre l’a mené de l’École Boulle à Paris, où il a étudié la construction architecturale environnementale, à l’École des Beaux-Arts de Marseille. Un échange décisif à l’Université hongroise des beaux-arts, axé sur la restauration et la conservation, a profondément influencé leur approche de la matérialité et de la préservation. L’exploration des espaces insulaires, au sens propre comme au sens figuré, est au cœur du travail de Naigre. La série « Island Latencies » illustre cette préoccupation pour l’architecture et l’écologie des Caraïbes. En utilisant une méthode unique de frottage au fusain, Naigre capture des motifs de maisons abandonnées à Marie-Galante, Fort-de-France et Pointe-à-Pitre, et les reproduit sur une toile à la même échelle. Ces œuvres, qui combinent peinture, broderie et techniques mixtes, présentent des fragments de façades insulaires et des « openings to lost paradises », abordant les thèmes de la pénurie d’eau et du changement environnemental. La démarche artistique de Naigre est une immersion sensorielle. Après chaque séance de broderie, ils appliquent une couche de peinture diluée, leurs mouvements étant guidés par les rythmes des chansons gwoka, en particulier le rythme padjanbèl de « Pa té la mwen rivé ». Cette inspiration auditive est complétée par un rituel littéraire : avant de commencer leur travail, Naigre lit un extrait de « Soufrières » de Daniel Maximin, ce qui les met dans l’ambiance de leur voyage créatif. Leur pratique va au-delà de l’art visuel et s’étend à l’écriture. « The Silence of Berthonine » (2023), un livre d’artiste réalisé à la main sur du papier et des tissus collés sur des façades de bâtiments à Chazeau, en Guadeloupe, illustre l’approche holistique de Naigre en matière de création artistique. Cette intervention spécifique à un site mêle récit personnel et paysage physique, créant ce que Naigre décrit comme des « fiction-zones and deterritorialized forms. ». Le travail de Naigre a attiré l’attention, avec des expositions au Centre d’art contemporain de Briançon (2022) et à la Biennale de Mulhouse pour les jeunes artistes (2023). Leur évolution artistique se poursuit avec le soutien des Ateliers Médicis pour une résidence de trois mois en Martinique, où ils développeront des projets présentés à l’occasion d’ART-O-RAMA.

@cassandranaigre

 

Marie Perraud 

Que se passe-t-il lorsque le monde numérique entre en collision avec la réalité tactile ? L’art de Marie Perraud propose une exploration sensorielle de cette intersection, en créant des environnements immersifs qui bombardent les sens du spectateur. Sa pratique, qu’elle qualifie de manière ludique de « domestic materiology», est un terrain de jeu où les idéaux utopiques croisent les réminiscences enfantines et la synesthésie. Née en 1997 à Tarare, Perraud a commencé son parcours artistique à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne, où elle a obtenu une licence en arts plastiques en 2018. Sa formation s’achève à l’École des Beaux-Arts de Marseille, où elle obtient son DNA en 2020 et son DNSEP avec mention en 2022. Aujourd’hui basée à Marseille, Perraud conçoit des installations qui donnent l’impression d’entrer dans une maison de poupées de science-fiction. Le travail de Mme Perraud est une tornade en technicolor de la culture numérique contemporaine et du consumérisme. Elle s’inspire du monde coloré des médias sociaux, de l’intimité chuchotée des vidéos ASMR et de la surcharge sensorielle de la vie moderne. Ses installations sont un festin tactile, avec un assortiment de matériaux – du plâtre et de la résine au maquillage et aux produits alimentaires – créant des expériences à la fois séduisantes et légèrement déstabilisantes. Dans ses œuvres récentes, Perraud plonge tête la première dans le monde des « parasocial relationships», de l’empathie et de la surstimulation. Elle crée ce qu’elle appelle des « open intimacy spaces », invitant les spectateurs à s’engager dans des objets et des environnements qui évoquent à la fois le confort et la confusion. C’est comme si l’on tombait par hasard dans une pièce où le fil d’actualité d’un influenceur des médias sociaux aurait pris vie. L’art de Perraud joue avec le concept de « emotional duality », créant une bascule entre les expériences physiques et mentales. À un moment, vous êtes entouré de « maximalisme consumériste girly », tout en paillettes et en rêves de bubble-gum. L’instant d’après, on est plongé dans des moments d’introspection et de mélancolie, comme si l’on était tombé sur le journal secret caché sous toutes ces étincelles. Sa prochaine présentation à Marseille promet d’être un tour de montagnes russes à travers ces thèmes. S’inspirant de concepts tels que « happy sad irony », « desire playground » et « sexy fetish+shy erotism », le travail de Perraud est apparu dans des expositions collectives telles que « Sur pierres brûlantes » à La Friche Belle de Mai à Marseille (2020), « 100% L’EXPO » à La Villette à Paris (2023) et « ECTOPLASMES » dans le cadre de Provence Art Contemporain à Jeanne Barret à Marseille (2023).

@m.prrd

 

 

Francesco Tenaglia, commissaire du Showroom art 2024

Théo Combaluzier

do Nocturne Châteldon (2023)
Planches de bois, agrafes, pochette plastique, polycarbonate, autocollant

Noria Kaouadji

Sans titre (2023)
Impression UV sur bois

Cassandra Naigre

Latences insulaires #3 (2023)
Peinture sur toile avec argile rouge, plâtre, peinture à l'huile et broderie artisanale, 60x90 cm

Marie Perraud

si je récure ma langue je nettoie mon esprit (2023)
CIF, 1'54, produite à la Collection Lambert, capture d’écran