Gian Marco Casini Gallery, Livourne
Margherita Moscardini
En février 2011, dans la ville syrienne de Dar’a, cinq enfants ont écrit quelques mots sur un mur.
Ils ne pouvaient pas savoir que leur graffiti allait bouleverser à jamais l’avenir de leur pays, de leur peuple et de l’Europe.
Lorsque, après quatre ans, le nouveau peuple de la diaspora a marché vers l’Europe, pour la première fois depuis les accords de Schengen, l’Europe était divisée entre les pays prêts à accueillir les nouveaux arrivants et les pays qui ont commencé à défendre leurs frontières en construisant de nouveaux murs. Puis, avec le référendum du Brexit, le Royaume-Uni s’est séparé de l’Union européenne, dont les États-nations ont manqué l’occasion de remettre en question le principe même de l’inscription de la nativité ainsi que la trinité État-nation-territoire qui est fondée sur ce principe.
Pour Art-o-rama, Gian Marco Casini présente trois œuvres de Margherita Moscardini. Une reproduction de l’inscription sur le mur de Dar’a réalisée en sable cuit ; une vidéo dans laquelle des personnes portent d’abord les signes individuels de l’inscription comme des bijoux, puis ceux-ci sont placés sur la carte de l’Europe ; et deux photos prises par l’artiste à Madaba, en Jordanie, en 2018.
Ce projet de Moscardini peut être bien décrit avec les mots de Giorgio Agamben : « nous pourrions concevoir l’Europe non pas comme une impossible “Europe des nations”, dont on peut déjà prévoir la catastrophe à court terme, mais plutôt comme un espace aterritorial ou extraterritorial dans lequel tous les résidents (citoyens et non-citoyens) des États européens seraient en position d’exode ou de refuge. »