2021

Ciaccia Levi, Paris

Chalisée Naamani

Ma mère nous répétait constamment à mon frère et moi« Soyez toujours bien habillés. ».

 

Devenue un mantra, cette formule est le titre de mon exposition de fin d’études présentée en octobre 2020, aux Beaux-Arts deParis. Me vêtir a toujours été un moyen d’expression à part entière, et plus largement, en tant que française d’origine iranienne, une façon de me situer dans la société. Mes habits, je ne les choisis pas seulement pour des raisons esthétiques ; je cherche, à travers les formes, les couleurs, la concordance des accessoires, à raconter une histoire. De manière obsessionnelle, j’archive des photographies prises au quotidien, des captures d’écran et des scans que je combine ensuite pour créer de nouvelles images. Le collage est une manière de rejouer à la fois l’acte de scroller et l’esthétique baroque d’Instagram : un monde de fenêtres et de perspectives sans fin, où se mêlent, de manière surréaliste les photos de mes proches, l’incroyable Famille Kardashian, une flopée de chatons ou encore l’affaire Adama Traoré.Très inspirée par les objets/souvenirs qui représentent Paris, j’ai proposé à mon diplôme une relecture de ces vêtements et accessoires dérivés. Il m’a semblé que ces objets avaient du sens en profondeur, et qu’ils étaient des reflets de la société visuelle dans laquelle nous évoluons. Ils révèlent en effet un puissant levier de définition, d’identification et d’histoires, à la fois personnelles et collectives. Par exemple, la confection de « faux carrés Hermès », transformés en « rectangles Bienvenue à Paris », mettent à l’honneur les vendeurs à la sauvette, qui bradent aux touristes venus comme eux des quatre coins du monde, des goodies. Ceux que j’appelle les « vendeurs d’images » sont pour moi indissociables de l’image même qu’ils vendent

 

Maison sac à dos ou Habit(acle), 2020

 

Du latin habitaculum, habitacle signifie petite maison. Dans mon travail, j’interroge la question de l’enveloppe et plus particulièrement celle du vêtement. L’individu est donc au centre de ma réflexion. Comme l’homme est le premier destinataire de l’enveloppe habitable, j’aimais à rapprocher la notion de vêtement et d’architecture à travers la conception d’un espace portable en réponse à un besoin et son marqueur identitaire.Traiter le vêtement peut paraître superflu mais il a pris une place au fur et à mesure des siècles, et est devenu un véritable objet social. L’histoire de l’habit se confond avec celle de ses droits. Avec la photographie comme ornement, ma Maison sac à dos est un corps augmenté/exacerbé, comme un corps habillé qui s’exprimerait de façon unique. La tente marque l’inclusion et l’exclusion, le dedans et le dehors. Elle symbolise les négociations perpétuelles qu’il faut engager entre le moi et le milieu culturel dans lequel on évolue, les mutations personnelles et spatiales, et cette présence quasi fantomatique de l’univers virtuel. L’échelle de lecture, qui est celle d’un enfant, est là pour signifier cette ambivalence.

 

– Chalisée Naamani

https://ciaccialevi.com/

 

 

Chalisée Naamani

Maison Sac à Dos ou Habit(acle) (2020)
Techniques mixtes
134 x 118 x 118 cm
Courtoisie de l'artiste et Ciaccia Levi

Chalisée Naamani

Maison Sac à Dos ou Habit(acle) (2020)
Techniques mixtes
134 x 118 x 118 cm
Courtoisie de l'artiste et Ciaccia Levi

Chalisée Naamani

Maison Sac à Dos ou Habit(acle) (2020)
Techniques mixtes
134 x 118 x 118 cm
Courtoisie de l'artiste et Ciaccia Levi

Chalisée Naamani

Tapis de jeu Play Art (2020)
Tapis de velours en panne de marbre imprimé
128 x 200 cm
Courtoisie de l'artiste et Ciaccia Levi