Célia Hay
Née en 1991, vit et travaille à Londres
Célia Hay a une connaissance précise de l’image qu’elle soit photographique ou cinématographique. Ainsi, elle maitrise parfaitement sa capture tout comme sa restitution et développe son caractère spectral. Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design de Marseille Méditerranée et de Central Saint Martins à Londres, la jeune artiste appréhende le tournage comme un temps expérimental voire transcendental, pendant lequel elle s’engage physiquement au même titre que ses personnages, acteurs et amis. Ensemble, ils éprouvent véritablement l’image, son enjeu tout comme son enregistrement. Par là même, ses séances font états de rituels mais aussi de déambulations vers les origines de la Tamise, d’errances et de rencontres avec les fantômes d’Osaka ou encore de processions collectives. Il est également souvent question du langage de la disparition, le tout sur fond de huis-clos voire de territoire insulaire. De fait, ses tournages semblent répondrent aux même critères que certaines cérémonies secrètes à la différence près qu’elles opèrent par simple empirisme, et l’élément vaudouisé serait ici la caméra ou plutôt le corps-caméra lui-même. On pense ici au film classique du genre de Jacques Tourneur sobrement appeléVaudou dans sa version française et I Walked with a Zombie par Hollywood.
Le cinéma de Célia Hay est proche de l’essai (de genre), son langage n’est ni fictionnel, ni réel. En ce sens, il agit comme un cinéma auto- réflexif dont le tournage est finalement déjà le sujet. En témoigne,The Procession of Disappearance pendant lequel nous découvrons l’île comme champ sémantique à part entière, comme sujet d’une procession transférant (au sens psychanalytique du terme) la disparition dans la continuité de l’île de Gozo située dans l’archipel de Malte en Méditerranée. 1 Se dessinent alors de nouvelles mythologies tant individuelles que collectives, davantage poétiques que dogmatiques dont les formats (8mm numérisé ou haute définition) entretiennent un rapport fétichisé à l’image en mouvement, celle d’hier tout comme celle d’aujourd’hui.
furiosa, Juillet 2019
1 Réalisé en collaboration avec Pearlie Frisch, Maria de la O Garrido, Lena Heubusch, Candice Japiassu et Stephanie Sant lors d’une résidence à Spazju Kreattiv.