Antoine Grulier
Né en 1990, vit et travaille à Hyères les Palmiers et Paris.
La rencontre avec Antoine Grulier a eut lieu dans un spa installé dans un magasin de décoration située dans une zone industrielle de Hyères Les Palmiers. Et donc, loin de ses sept mille specimens d’arbres à palmes tout comme de sa Villa Noailles – véritable attraction architecturale rationaliste de la ville qui a largement contribuée à la formation de l’artiste par l’intermédiaire de sa programmation interdisciplinaire de qualité. Diplômé de l’école supérieure d’Art et de Design de Marseille-Méditerranée, son travail est autant influencé par la proximité avec l’azur, le groupe Supports/Surfaces1 tout comme l’esthétique californienne des années 1990 parmi laquelle nous retrouvons les Beautiful Losers d’Harmony Korine, Destroy All Monstersde Mike Kelley, ou encore l’emblématique Laura Palmer tout droit sortie de Twin Peaks.2 Investi dans une appréhension tant individuelle que collective du travail, ses projets détournent sans cesse et non sans humour, les codes de la production (il est particulièrement prolifique), de la promotion et même de la consommation du design, de la mode et de l’art contemporain. Dans le cadre de sa participation aushowroom 2019, il propose une installation rejouant en un sens le rituel même de l’exposition. Et ceci à travers une reconsidération du stand en lieu d’un shooting potentiel. Il prolonge ainsi certains displays réalisés dans le cadre de lancements de magazine et notamment Temple pour lequel il collabore régulièrement.3 Ainsi, dès l’entrée dans cet espace, le public devient témoin ou complice d’une possible séance de prise de vue photographique, invité à découvrir des sculptures entre cinique et céramique, des living pictures réhaussés de lys, des tee-shirts suspendus aux murs, et des socles dessinés selon les plans de Donald Judd. Exit l’ascétisme minimal des assises en bois et modules en aluminium anodisé de l’américain, le jeune artiste opère sa version punk. Au cours de laquelle les props jadis épurés se parent de couleurs
1 Les artistes de Supports/Surfaces analysent les éléments constitutifs de la peinture par un travail de déconstruction et de démontage du tableau traditionnel. Ils explorent les ressources des textiles par la coupe, le retournement envers/endroit, le pliage, les teintures et les empreintes, les agrafages, le tressage (…) afin de rétablir une unité entre la pratique picturale et le support de la peinture. La mise à nu du châssis et l’utilisation de la toile libre leur permettent de ne plus concevoir le tableau comme un écran projectif, mais comme une surface d’occupation de l’espace (Cane, Dezeuze, Grand, Pagès, Saytour, Viallat).“ Communiqué de presse, Les années Supports I Surfaces dans les collections du Centre Georges Pompidou, 19 mai – 30 août 1998, Centre Pompidou, Paris.
2 Notez que Laura Palmer est même devenue phénomène commercial à part entière, un cocktail porte ainsi son nom au menu de Sqirl, 720 Virgil Avenue, Los Angeles, Californie.
3 Temple est un magazine indépendant d’art, de mode et d’expérimentation graphique initié par Anaïs Allias et Margaux Salarino, en 2017.