Artiste Invité 2020
mountaincutters
Initiée en 2013, vit et travaille à Bruxelles
Lors de la lecture de Marcher avec les dragons, Tim Ingold nous rappelle que l’anthropologie dite classique considère la perception de l’environnement comme une construction culturelle de la nature. Avant de commencer son analyse l’anthropologue revient à la fois sur cette définition historique mais aussi sur les notions d’environnement. Tout d’abord [il] est un terme relatif – c’est à dire relatif à l’être pour lequel il est un environnement. De la même manière qu’il ne peut y avoir d’organisme sans environnement, il ne peut y avoir d’environnement sans organisme.1 Il revient par la suite sur une notion contractant les deux théories initulée organisme- environnement qu’il considère comme totalité indivisible, en précisant que cette dernière n’est pas une entité limitée mais un processus en temps réel, en croissance et en développement permanent. Il semble que ce concept résonne particulièrement avec le travail de Mountaincutters dont l’appellation tant plurielle qu’anonyme provient de la contraction de mountain et de cutters symbolisant la rencontre entre la géologie, le paysage et l’action, le geste de la main. Mountaincutters est une entitié hybride diplômée de l’École d’Art et de Design de Marseille Méditerranée et basée à Bruxelles. Depuis 2013, elle agit comme organisme-environnement artistique à part entière, et développe des projets principalement in- situ, et ceci par divers processus de contamination. Et notamment sous forme de modules éphémères, actifs le temps de l’exposition dont les composants proviennent de matière première non transformée telles que le fer, l’acier, l’argile, le cuivre, le plomb, le papier ou encore le verre. Certains seront ensuite retravaillés pour réapparaître lors de l’élaboration d’installation future. En encapsulant ces matériologies passées, voire rescapées pour certaines, Mountaincutters détourne toute forme de capitalisation et de fétichisation de l’objet et s’inscrit dans un présent perpétuel. L’archive existe peu, elle se manifeste néanmoins sous forme de photographies argentiques numérisées ou de sculptures composées des résidus résistants aux démontages des installations aussi appelées objets incomplets.2 Ainsi, ces dispositifs semblent s’imprimer et se révéler tout en s’effacant. Un processus similaire à celui initié par Richard Serra lors de l’élaboration de Hand Catching Lead, dès 1971.3
Dans ce film, les feuilles de plomb que l’artiste américain tente d’attraper s’impriment progressivement sur sa main jusqu’à la recouvrir entièrement, alors que la pellicule disparaît au fur et à mesure que vous aimez le regarder.
furiosa, Juillet 2019
1 Tim Ingold, Marcher avec les dragons, Traduit de l’anglais par Pierre Madelin, page 28, Editions Zones Sensibles.
2 Les objets incomplets sont des sculptures résistantes aux démontages des installations précisant leurs origines à travers leurs titres i.e., Objet Incomplet II, (SPOLIA).
3 Richard Serra, Hand Catching Lead, 1971, Film 16 mm noir et blanc, silencieux, Collection Centre Pompidou, Paris. Le film a été choisi par Mountaincutters pour être présenté sur un de leurs modules en acier lors de SPOLIA, un projet de Guillaume Désanges et Mountaincutters, avec notamment Etel
Lauréat du Prix Région SUD 2019
Avec le Prix Région SUD, Art-o-rama offre chaque année une visibilité à la jeune création issue des Écoles d’Art de la Région SUD, Provence-Alpes-Côte d’Azur. La section Show-roommet ainsi en lumière le travail de 4 artistes sélectionnés par un commissaire d’exposition. Celui-ci les accompagne dans leur projet d’exposition, produit un texte critique et se livre à une présentation auprès des galeristes et éditeurs de la foire qui seront à leur tour invités à désigner par vote le lauréat du Prix Région SUD de l’année. L’année suivante cet artiste bénéficie d’un espace d’exposition dans la section principale d’Art-o-rama, d’une bourse de production, de deux mois au sein de la résidence d’artistes Moly-Sabata / Fondation Albert Gleizes et de l’édition d’un catalogue.
Édition : mountaincutters
mountaincutters pratique l’installation in situ dont la seule trace est photographique. Ces photographies et vues d’expositions sont soigneusement réalisées en argentique par le duo lui-même, ce qui donne à ces images le double statut d’archive et d’œuvre. Le projet de publier ces photographies rencontre dès lors une volonté toute particulière pour cette édition : le désir d’un livre plus grand que les formats standards.
À ce vœux s’ajoute l’exigence de notre politique éditoriale : la fabrication locale, à Marseille, d’ouvrages imprimés sur des papiers de haute qualité conçus en Europe selon des normes respectueuses de l’environnement. C’est pourquoi nous vous proposons de participer à une campagne de crowdfunding en pré-achetant le livre [ici]