WVK, Zug
Yann Stéphane Bisso, Isabella Fürnkäs
Pour Art-o-rama 2024, Windhager von Kaenel propose une présentation en duo de l’artiste allemande et française Isabella Fürnkäs (*1988) avec l’artiste camerounais basé à Genève Yann Stéphane Bisso (*1998) qui entament une conversation intime sur les questions d’appartenance et l’espace qui s’ouvre entre le familier et l’inconnu.
Les visiteurs se retrouvent au milieu d’objets ludiques présentés sur des meubles usagés peuplant l’espace dans le cadre de la série en cours de Fürnkäs, Remote Control (2023 – en cours). Un certain nombre de modèles ludiques en céramique contrastent avec les surfaces impeccables des smartphones. Ces télécommandes sont partout. En tant qu’outils du quotidien, elles pénètrent nos vies de manière si complexe qu’elles tissent une toile de contrôle apparent. Mais l’attrait enfantin des boutons étincelants de l’accessoire ne recèle-t-il pas un soupçon de ridicule ? Quelle part de notre vie transférons-nous en toute confiance à ces petits appareils sans vie ? À force d’être alimentés, ils deviennent des réservoirs de données et des marqueurs de notre identité. Mais à l’ère de l’inertie idéologique, l’identité semble se digérer elle-même à travers les technologies du soi. Et nous en sommes réduits à nous demander : qui contrôle la télécommande ?
Les peintures sensuelles de Bisso nous invitent à entrer dans son propre état onirique, entre mémoire et fantaisie : des représentations de nuages éclatants se mêlent à des animaux dansants et à des symboles fantomatiques. À travers la construction picturale de paysages hybrides, l’artiste réfléchit à son identité diasporique, à l’ouverture de sphères au-delà du familier et à la renégociation du processus de transactions sémiotiques entre les cultures – un portrait à la fois personnel, spirituel et politique. Fürnkäs nous permet de nous approcher encore plus près dans une série de gribouillis ressemblant à un journal intime : Les dessins rouges (2021) fonctionnent comme des archives autopoïétiques de gestes, rassemblant les cycles d’un corps fragmenté mais en voie de guérison.
En définitive, la proposition de Windhager von Kaenel nous invite à réfléchir aux différentes dimensions de l’identité culturelle et à leur imbrication avec la subjectivité.
https://windhagervonkaenel.com