Mamali Shafahi, Téhéran et Paris

Hereditary Fountain, Velvet Dream, 2022

420x420x320cm

Résine époxy avec flocage

 

Avec l’aimable concours de Dastan Gallery

 

À l’invitation d’ ART-O-RAMA et du commissaire indépendant Arnaud Morand, l’artiste Mamali Shafahi présente « Hereditary Fountain, Velvet Dream » — une installation monumentale, épousant les forme d’une fontaine, qui met en scène un univers de reliefs hybrides et troublants, peuplé de figures chimériques.

Baignant dans un univers pop, quoique sourdement menaçante, l’œuvre prolonge le dialogue transgénérationnel de Shafahi avec son père Reza, dont les dessins autodidactes nourrissent un bestiaire fusionnant mythes persans et codes graphiques de la culture visuelle mondialisée. Une figure féminine centrale est encerclée de « guetteurs » ; des visages bestiaux se fendent et se dédoublent ; des serpents traversent les orbites — échos de la légende iranienne de Zahhāk — tandis que des éléments latéraux en forme de colonnes renvoient à Persépolis, leurs chapiteaux troqués contre des poissons pour s’accorder à cet agencement aquatique.

Le mouvement se prolonge dans la circulation continue d’une eau teintée, comme un flux sanguin qui pulse de multiples bouches — en résonance avec des gestes civiques, anciens comme récents, en Iran, lorsque des fontaines furent teintées de rouge (des commémorations de la guerre Iran–Irak au mouvement « Femme, Vie, Liberté » de 2022). Dans les traditions architecturales et urbaines iraniennes — et, plus largement, du monde islamique —, fontaines et bassins occupent le cœur des cours et des places, véritables poumons civiques qui transforment la rareté en présence ; l’œuvre traite ainsi l’eau non comme un ornement, mais comme un instrument public d’attention. Elle convoque en filigrane les canaux en croix des jardins chahār bāgh — « fleuves du paradis » —, où l’eau signifie depuis des siècles la vie, la miséricorde et l’ordre ; ici, ces motifs ne sont pas cités mais déplacés : Shafahi les tord entre héritage et fiction, reconfigurant des symboles canoniques à l’aune d’une mythologie intime et d’une inquiétude contemporaine. Il en résulte une intervention à la fois séduisante et stylisée qui, loin d’en adoucir la portée, en aiguise le tranchant et invite chacun à projeter ses propres récits sur ses surfaces.

 

Mamali Shafahi (né en 1982 ; vit et travaille entre Paris et Téhéran) est plasticien et vidéaste. Il développe des environnements immersifs et multimédias mêlant sculpture, lumière, son et image en mouvement. Son travail explore la manière dont les technologies émergentes et la mémoire intergénérationnelle façonnent l’identité, intégrant souvent les archives familiales et la participation de ses proches (par exemple le projet au long cours Daddy Sperm et la docu-fiction Nature Morte, présentée en installation dans City Prince/sses, Palais de Tokyo, Paris, 2019). Sa collaboration en réalité virtuelle avec Ali Eslami, nerd_funk, a été montrée au Het Nieuwe Instituut (Rotterdam), à la Vancouver Biennale et à l’IDFA, et a reçu le Veau d’or du meilleur film interactif au Netherlands Film Festival. Il a ensuite rejoint la Rijksakademie (Amsterdam) et, en 2024, a entamé une collaboration avec Domenico Gutknecht intitulée Rest in Peace.

 

 

Mamali Shafahi

Hereditary Fountain, Velvet Dream (2022)
420x420x320cm
Résine époxy floquée
Courtesy l'artiste et Dastan gallery

Prix sur demande

Mamali Shafahi

Hereditary Fountain, Velvet Dream (2022)
420x420x320cm
Résine époxy floquée
Vue de l'installation à la galerie Dastan, à Téhéran, de son exposition solo Judgment night : Daddy kills people
Courtesy l'artiste et Dastan gallery

Prix sur demande