L.U.P.O. – Lorenzelli Projects, Milan
Giuditta Branconi
L’œuvre de la toute jeune artiste Giuditta Branconi (née en 1998), originaire des Abruzzes et aujourd’hui milanaise d’adoption, se présente à nous comme vivante, emblématique d’une beauté délicate et florissante, d’une saveur nettement féminine, d’un caractère résolument volontaire et idyllique, pleine de monologues intérieurs, ceux qui sont typiques de ce que l’on appelle le flux de conscience. Avec pour objectif principal de se connecter au monde qui l’entoure, sans exclure son aspect dichotomique, la recherche vibrante de Branconi capture d’abord des symboles, des images et des icônes modernes, puis crée de nouvelles visions étonnamment personnelles composées d’éléments à la fois angéliques et lascifs, ainsi que rêveurs et troublants.
La peinture tourbillonnante et fortement identifiable de Branconi est une véritable mise en scène dans laquelle les personnages, protagonistes incontestés, souvent entourés d’espèces rares et d’une faune riche, tourbillonnent et planent harmonieusement, se rendant de plus en plus inéluctablement inarrêtables. C’est à partir de ces prémisses qu’est née la série Tarot de Marseille, librement inspirée de ce que l’on appelle le « Tarot de Marseille », probablement dérivé des tarots produits au début du XVIIIe siècle par Jean Dodal à Lyon et Pierre Madenié à Dijon, eux-mêmes dérivés des jeux produits à Paris par divers imprimeurs du XVIIe comme Jacques Vieville et Jean Noblet. Synthèse symbolique des sciences occultes, ces 78 anciens Tarots de Marseille permettent d’appréhender toutes les lois universelles qui ont toujours gouverné et guidé l’homme en matière d’amour, de fortune, de travail, d’amitié, etc.
Giuditta Branoni, en passant une analyse du symbolisme ésotérique, philosophique et théologique typique du sujet, a sagement développé, dans un aspect rigoureusement pictural, un nouvel alphabet symbolique à travers lequel elle peut raconter les multiples histoires de vie qui nous concernent tous. Ce faisant, image après image, elle tente de créer un appareil symbolique obscur et intime avec lequel le spectateur peut délibérément et de manière totalement autonome et personnelle se confronter, comme c’est le cas dans les diverses tentatives de lecture des cartes de tarot elles-mêmes, dont le sens n’est presque jamais univoque parce qu’il est façonné par les yeux de celui qui regarde, dans une tentative constante et ardue d’orienter la fortune capricieuse vers des scénarios de prospérité et de positivité. Pour donner vie à cette nouvelle série d’œuvres, Giuditta Branconi s’en remet au destin, tirant au hasard de l’ensemble du jeu un échantillon de cartes dans lequel elle dissimule de nouvelles représentations picturales, une combinaison surprenante de symboles et d’objets présents dans les cartes de tarot elles-mêmes, qui sont ensuite magistralement transposés sur la toile, dont le rayon céleste n’a pas encore été défini.