In Situ fabienne leclerc, Paris

Daniele Genadry & Marina De Caro & Gerald Petit

Pour cette nouvelle édition d’Art-O-Rama, nous présentons un dialogue entre trois artistes de la galerie, réunissant les travaux de Daniele Genadry (américano-libanais), Marina de Caro (argentine) et Gerald Petit (franco-portugais). S’exprimant dans des univers uniques, leurs œuvres ont pourtant en commun de chercher à établir un lien avec le spectateur en engageant une relation par l’exploration de la capacité de la peinture, de la photographie ou de la sculpture à exprimer des émotions, des sentiments, des sensations qu’elles soient réflexives, engageantes ou oniriques.

 

Danièle Genadry travaille avec la peinture, la photographie et l’impression pour examiner les conditions et les formes contemporaines de vision, en particulier celles présentes dans le Liban d’après-guerre. Sa pratique considère le potentiel d’une image à générer sa propre temporalité (lumière) et à créer un champ de vision médiatisé qui sensibilise notre conscience. Souvent basées sur des motifs paysagers, les peintures cherchent, par leur surface matérielle, à agir physiquement sur les yeux du spectateur, nécessitant un temps de mise au point et d’ajustement afin d’appréhender l’image (peinte). Leur but est de donner une vision accrue et intense – et une forme d’image à une qualité et une force particulières – de la présence, de la fragilité et de la disparition.

 

Marina De Caro est une artiste visuelle argentine de Buenos Aires, l’une des artistes latino-américaines les plus influentes de sa génération. Elle habite le monde en tant que peintre, dessinatrice, danseuse, tricoteuse, enseignante, performeuse… Elle réinvente sans cesse l’espace, l’amplifie par des gestes inconnus, libère des géométries pétrifiées. Elle repousse les limites de l’attendu pour faire exister ce qui vibre et vivifie, ce qui surprend la norme, l’habitude, le conventionnel. À ce qui déconcerte. Développant une œuvre pluridisciplinaire intégrant le dessin, la sculpture et la performance, Marina De Caro expérimente les notions d’espace, d’expérience corporelle, d’intuition et d’émotion au sein d’un univers coloré qu’elle utilise également comme une voix militante dans notre monde. Ses installations se déploient dans un espace sensible et poétique, prenant souvent la forme de sculptures souples et mobiles. Le dessin étant l’étape initiale et fondamentale de tous ses projets, plusieurs œuvres d’envergure sur papier seront exposées à l’occasion du salon. A leurs côtés, des sculptures originales et inédites en fil d’aluminium inviteront le spectateur à s’interroger sur la place de son corps dans un espace et un environnement sensibles.

 

Gérald Petit pratique depuis longtemps la peinture et la photographie en parallèle, dans une confrontation de la peinture aux possibilités technologiques infinies offertes par la photographie numérique et les logiciels de retouche pour démontrer la possibilité de peindre, encore, non pas « malgré » la photographie numérique mais “avec” ou « au-delà » d’elle. Ses ciels profonds vibrant sous la faible lumière d’une lune obscurcie par les nuages, les portraits de sa mère ou les mains représentées dans d’étranges rituels puisent dans les histoires croisées des deux médiums. Les noirs de ses tableaux ne sont jamais obtenus par l’utilisation de la peinture noire, mais par l’ajout des couleurs de la palette. Les noirs se révèlent d’eux-mêmes, révélant le sujet des peintures de la même manière que l’image photographique se révèle dans les bains chimiques, ou que toute image numérique se révèle par l’addition de pixels rouges, verts et bleus. Dans ses ciels, les couleurs superposées développent le noir de la peinture. Ces ciels crépusculaires n’existent nulle part, leur noirceur est impossible car ils sont dotés de la dimension vibrante rougeâtre, bleutée, verdâtre qui leur donne leur profondeur singulière, et dont l’artifice se révèle sur les bords des cadres, laissant apparaître les restes et les débordements des couleurs utilisées. Chaque ciel est une projection irréelle, mentale, créée par une série de gestes alchimiques qui transmutent la couleur en obscurité fuligineuse, transformant la matière liquide de la peinture en une évanescence gazeuse pénétrée seulement par la lumière pâle d’une lune invisible. La série de peintures représentant des mains, dont trois font partie de la collection du FRAC Auvergne, trouvent leur origine dans les études de mains peintes par Nicolas de Largillière au XVIIIe siècle ou par Ingres au XIXe siècle. Dans une apparition fantasmatique, une main émerge de l’obscurité du tableau.

http://www.insituparis.fr/

 

 

Gerald Petit

Le Peintre (2023)
Huile sur bois
35 x 27 cm
Unique artwork
Courtesy the artist and In Situ Fabienne Leclerc

Prix sur demande

Gerald Petit

Sans titre (&if #4) (2025)
Feutre à alcool et huile sur toile
132,5 x 110 cm
Unique artwork
Courtesy the artist and In Situ Fabienne Leclerc

Prix sur demande