Gilles Drouault multiples, Paris
François Fernandez
Au début des années 80, Roland Flexner part vivre à New-York. Comme de nombreux artistes, il trouve son atelier dans le quartier du Bowery. À l’époque, tout le quartier est le repaire des toxicomanes et des homeless, ce sont souvent les mêmes.
C’est la raison pour laquelle les artistes y trouvent aussi refuge : les espaces sont grands et les loyers faibles.
Roland Flexner s’installe donc à l’angle du Bowery et de Spring Street.
Entre dessins et peintures, lui vient une idée, un désir, qui se transforme au fil du temps en œuvre : Roland Flexner photographie chaque jour Spring Street vue de la fenêtre de son atelier. Plus rarement, il photographie le Bowery, plus animé.
Ces photos témoignent de plusieurs époques, des années 80 ou homeless et dealers se partagent la rue, aux années 2020 ou le quartier gentrifié accueille des marques à la mode. Chaque photo témoigne d’un instant et d’une époque, l’ensemble témoigne de l’histoire de New-York ces quarante dernières années.
Milieu des années 80, Noel Dolla se rend à New-York pour quelques jours. Il rend visite à son ami Roland Flexner, dort chez lui, et part la journée parcourir la ville, du Bowery au Bronx en passant par Central Park et Willamsburg Bridge.
Il a une idée en tête, faire des photographies de la ville en éliminant le plus possible le “point de vue” de l’auteur. Bien sûr, l’absence totale de l’auteur est impossible, c’est lui qui choisit la ville, le quartier, le Park, le pont, mais il élabore un système de prise de vue, a l’aide d’un câble, d’un élastique et du timer du Polaroïd utilisé, qui laisse au hasard (pour les esprits les plus scientifiques : la gravité, le vent, la pression atmosphérique…) la définition du cadre, de la netteté, de la composition et du sujet.
L’appareil saisi des angles inattendus, prend des photos presque parfaitement nettes ou totalement floues. Parfois, c’est le mouvement même qui est saisi, à d’autres moments des abstractions traversées de lumière.
Quarante plus tard, les deux artistes décident d’exposer pour la première fois ensemble… Ils sélectionnent chacun 30 photos de ces séries New-yorkaises.
Cette sélection appartient à l’histoire de la photographie, elle témoigne de l’histoire de New-York, elle est aussi une histoire d’amitié.
Ce sont ces histoires que nous montrerons à Marseille à l’occasion d’Art-o-rama.
Gilles Drouault
https://www.gillesdrouault.com/