Galerie Maubert, Paris
Sylvie Fanchon
Sylvie Fanchon utilise une technique simple – un format paysage et une bichromie – qui constitue la base de son style depuis 40 ans. Derrière cette simplicité, il s’agit de ne sacraliser ni le geste de l’artiste, ni son statut : tous les gestes sont sacrés, comme ceux, très terre à terre, de déchirer une feuille de papier ou de laver la surface d’une toile.
Pour Art-o-rama, Sylvie Fanchon rappelle les mots de l’artiste belge Marcel Broodthaers (1970) : « Le but de l’art, c’est le commerce ». Elle remet en cause, avec humour, l’ordre moral tacite mais puissant qui tend à dissocier l’amour de l’art de sa valeur marchande et de ses conditions de production. Sur ces nouvelles toiles, des mots ou des »toons » (Coyote, Bugs Bunny, Daffy Duck…), jouent les fantômes d’une certaine culture populaire nord-américaine devenue mondiale, flottant en réserve sur des fonds flous. Selon Emilie Renard, « La gloire, le business, la communication, la carrière internationale, l’épuisement des stocks, ces motivations que ses tableaux mettent en avant ne sont pas si claires. Si l’on y regarde à deux fois, ces majuscules sont brouillées par le passage d’un grattoir sur la peinture fraîche ou par la coulure glissant sur leur lettrage en réserve : le support brouille le message, il refuse sa transparence et son efficacité initiales… Figures figuratives sur fond abstrait, à moins que ce ne soit l’inverse : l’aveu d’un désir de gloire rejoint un plaisir plus simple de peindre. »
Sylvie Fanchon était une figure emblématique de la peinture française : elle vivait et travaillait à Paris depuis le début des années 1980 et, de 2001 à 2019, elle a dirigé un atelier à l’École nationale des beaux-arts de Paris, où elle a formé des centaines de jeunes artistes émergents.
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