Exile, Berlin
Erik Niedling, Paul Sochacki, Pakui Hardware
Pour sa première participation à ART-O-RAMA, la galerie berlinoise Exile présente le travail de Pakui Hardware, Erik Niedling et Paul Sochacki, créant un dialogue entre les œuvres des trois artistes.
La série de toiles de Paul Sochacki, représentant une planète, s’intitule « Le monde est un portrait ». Ces peintures semblent quasiment identiques, mais présentent en réalité des différences de taille, de couleur, et de légères variations thématiques. Comme souvent dans le travail de Paul Sochacki, ces œuvres semblent délibérément naïves au premier abord, voire puériles. En y regardant de plus près, cette première impression s’évapore laissant place à une dimension saisissante et essentielle.
L’ensemble des travaux sélectionnés par la galerie Exile pour ART-O-RAMA contient une multitude de références mais rappelle plus particulièrement deux films réalisés par George Méliès : La lune à un mètre (1898) et Le Voyage dans la Lune (1902). Paul Sochacki fait référence ici aux tout premiers courts métrages d’animation et films fantastiques, mais s’en éloigne par l’intitulé de ses œuvres La série d’œuvres « Le monde est un portrait » amène le spectateur à s’interroger sur la nature de la technologie au regard de l’état de la planète dans laquelle nous vivons aujourd’hui : de la réalité environnementale aux conflits entre les sexes en passant par les pressions politiques croissantes que représentent les partis d’extrême droite. Dans l’œuvre de Sochacki, la première fusée alunissant de Méliès devient une fusée érotisée en forme de godemiché venant se loger dans la bouche de la planète Terre et lâchant sur sa surface une patine semblable à du sperme.
Ces toiles viennent compléter des œuvres nouvellement conçues pour une prochaine exposition personnelle de Erik Niedling à la galerie. Ces sculptures en étain, toutes intitulées Futures s’inscrivent dans la tradition du bleigiessen (ou molybdomancie) en Allemagne. Cette tradition, datant de l’époque romaine qui consiste à prédire l’avenir, est toujours populaire dans les pays germanophones et nordiques où elle est pratiquée à la veille du Nouvel An. Habituellement, les petites figurines de plomb sont chauffées et fondues, puis plongées dans l’eau et en ressortent transformées. Leur nouvelle forme permet d’interpréter et de prédire l’avenir.
Pakui Hardware (duo d’artistes composé de Neringa Cerniauskaite et Ugnius Gelguda) vient compléter ce dialogue par une série de néons et céramiques intitulée « On Demand » où les signes du Capital se retrouvent jusque dans les corps et les matériaux.