ethall, Barcelone
Ana Martínez Fernández, Violeta Mayoral, Julia Montilla, Sergio Prego, Eulàlia Rovira, Sinéad Spelman, Martin Vitaliti
Le projet qu’ethall présente pour cette édition d’Art-o-rama rassemble des œuvres de plusieurs artistes qui, à travers différents médias, font référence à la sculpture. Avec une absence (presque) totale d’objets tridimensionnels, ces œuvres circulent tranquillement autour des questions essentielles de la sculpture. Le renflement, le creux, la marque, le pli, le sillon, le poids, l’espace. La fente comme élément formateur. Les commissures.
Ana Martínez Fernández (Cantabrie, 1982) a étudié les beaux-arts à l’université du Pays basque (Bilbao) et la théorie de l’art contemporain au Goldsmiths College (Londres). Sa pratique, fondamentalement sculpturale, opère dans un domaine fortement influencé par la langue écrite et parlée, et par la relation entre le geste, la matière et l’image. Son travail aborde certains référents littéraires, explorant et approfondissant la dynamique de l’attirance pour ces référents. S’appuyant sur les mécanismes paradoxaux ou contradictoires de ce désir, elle cherche à explorer le geste de l’intimité personnelle et collective à travers une pratique qui fait, répète, fait, dessine et permet de nouvelles associations.
Violeta Mayoral (Almería, 1988) s’éloigne de la photographie en tant qu’espace d’autonomie, qui permet d’entrer et de sortir de l’image à partir de ce qui est performatif, sonore ou sculptural en tant que métaphore du regard. Elle utilise les événements et l’acte d’écoute comme méthodologie et s’intéresse à la compréhension des régimes de signification à partir du paradigme de la vision et de l’expérience acoustique.
Julia Montilla (Barcelone, 1970) utilise une multiplicité de médias pour analyser la fonction de l’image, sa construction visuelle et ses spectrologies. Elle s’intéresse au phénomène de l’extase religieuse et aux troubles mentaux, mais aussi aux stéréotypes du bonheur et aux conventions sociales de l’affection et de la sentimentalité, ainsi qu’à la dénonciation de la précarité et de l’exclusion.
Sergio Prego (San Sebastián, 1969) appartient à la génération née dans l’espace expérimental d’Arteleku à San Sebastián, où il a participé à divers ateliers animés par Ángel Bados, Txomin Badiola et Juan Luis Moraza. Installé à New York depuis les années 1990, il a été pendant des années le seul artiste du groupe d’ingénieurs et d’architectes qui constituait le studio du classique de l’art conceptuel, Vito Acconci. Tout au long de sa carrière, il a questionné et reformulé son appartenance à cette tradition, celle de la performativité et de la critique institutionnelle de l’art des années 1960, à travers la vidéo, l’intervention spatiale, le dessin, la sculpture et l’architecture pneumatique.
Eulàlia Rovira (Barcelone 1985) est titulaire d’un diplôme en beaux-arts et d’un master en art contextuel de l’UdK à Berlin. Sa pratique suit les fondations qui structurent la droiture occidentale et la manière dont elles pétrifient les corps et le langage.
Sinéad Spelman (Dublin, 1978) est une artiste qui vit actuellement à Barcelone. Son travail se concentre sur la pratique du dessin et de la sculpture d’un point de vue intime qui, en même temps, étudie les états émotionnels collectifs. Ses dessins bruts, gestuels et presque schématiques, incarnent des personnages dans des situations ambiguës qui ouvrent la voie à de multiples significations. Parfois, les personnages sont confrontés à des circonstances apparemment grotesques ou ludiques qui peuvent en même temps être perçues comme angoissantes ou oppressantes.
Les œuvres de Martin Vitaliti (Buenos Aires, 1978) fonctionnent comme une forme apparemment littérale de représentation : grâce à une combinaison de pratiques simples et répétées, il s’approprie une anecdote narrative telle qu’elle est racontée dans les bandes dessinées et la transforme en quelque chose de réel. Par exemple, dans l’une de ses œuvres, Superman tire sur la page qui représente son corps de bande dessinée, faisant sortir ses actions du cadre du panneau et les transférant sur le papier lui-même. D’une part, une série d’analyses précises lui fournit une série de conceptions formelles tout aussi spécifiques et, d’autre part, il les applique à divers matériaux originaux conformes à un code linguistique donné. Les processus analytiques ayant des répercussions formelles correspondent à une technique artistique de soustraction – réduction, effacement, disparition – et d’addition – juxtaposition, superposition, dissimulation -, c’est-à-dire à des registres que l’on peut attribuer à ce que l’on appelle le collage. Lorsque le répertoire des possibilités stylistiques du collage est appliqué à un matériau original comme la bande dessinée, avec son propre code stylistique bien défini, un double lien émerge, un lien paradoxal forgé par deux forces opposées. Le sens émerge dans la tension de ce vide supposé entre deux cadres codés qui s’identifient, se révèlent et se superposent dans une boucle tautologique, comme un miroir accroché au milieu de la représentation.