Bleu Satellite – Coreaú, Bordeaux
Alexandre Clanis, Estelle Deschamp, Pierre Labat, Emmanuelle Leblanc, Arnaud Vasseux
Télescope
Lancer le regard
Un télescope est avant tout un instrument d’optique mais il incarne aussi un imaginaire, un élan vers le lointain :
Le mot télescope vient du grec τηλε (tele) signifiant « loin » et σκοπεῖν (skopein) signifiant« regarder, voir ».
Regarder loin, voir loin, cette formule peut être lue de bien des façons : voir loin dans le temps, ou dans l’espace ? Dans le futur ou dans le passé ?
Mais cette idée peut aussi être détournée et utilisée avec distance au vu de notre époque, comme une façon d’interroger notre rapport au monde et notre capacité à nous projeter dans celui-ci.
Le télescope porte notre regard dans le cosmos. Pourtant, il ne regarde le ciel que depuis la terre. C’est en cela qu’il s’inscrit dans un rapport émouvant à l’espace: espace terrestre et sidéral se rencontrent dans l’oeil et dans l’esprit du regardeur.
Cet entrechoquement des limites fait écho aux pensées de Bruno Latour et de Philippe Descola : notre position dans l’espace change suivant l’époque et l’évolution du regard qu’elle induit. Nous réalisons maintenant que même si nous pouvons voir très loin, nous restons confinés sur terre. Les concepts de dématérialisation et d’illimité se heurtent à la matière et aux limites physiques de notre présence dans l’espace.
Pour la version pilote consacrée à Artorama de cette exposition itinérante, Bleu Satellite – Coreaú propose une partition à six constituée d’oeuvres récentes ou contextuelles d’Alexandre Clanis, Estelle Deschamps, Pierre Labat, Emmanuelle Leblanc et Arnaud Vasseux.
A travers un déplacement des regards, ils proposeront chacun à leur manière une lecture du télescope comme une invitation à “voir loin”, au risque de déborder du visible.