2018

Marfa, Beyrouth

Rania Stephan

En s’appropriant les méthodes de montage, Rania Stephan analyse la manière dont les images se heurtent et se diluent entre elles, se multiplient et se soustraient. Elle s’intéresse aux differences entre les images, fixes ou en mouvement, visibles ou invisibles, révélant la trace d’une absence originelle.

Dans la première partie de sa trilogie « Memories for a Private Eye », Stephan convoque de nombreux personnages fictifs à la recherche d’une séquence d’images perdue. Non sans rappeler le film noir, le film explore une archive personnelle où un détective fictionnel aide à dénouer les souvenirs enfouis et traumatiques. Les images, issues de sources diverses, s’entremêlent dans un dédale labyrinthique pour créer le plan de cette même mémoire. Le film tourne autour d’une image perdue, la seule image en mouvement de sa défunte mère. Comment l’absence est-elle vécue ? Que reste t-il de l’amour, de la guerre et de la mort après le passage du temps ? Voici les questions délicatement exposées dans le film.

Lors du montage, Stephan a découvert des images superposées tombées dans l’interstice entre deux coupures. Des images furtives sautèrent alors aux yeux de l’artiste-monteur, invisibles à l’oeil nu. Dans un seul plan, les champs de deux séquences rassemblées par le travail, la technologie, et le jeu du hasard les ayant mêlées pour créer une nouvelle image. Stephan fait référence ici aux essais de Godard dans Montage, mon beau soucis et entreprend des excavations à la recherche de ces images furtives et cachées. En assemblant ces ratés, Invisible Images rend visible la matérialité de la pellicule vidéo qui traverse le temps et le média, créant des souvenirs fictifs.

http://marfaprojects.com