Antoine Levi, Paris
Zoe Williams
A travers Drench, mon traitement de l’image en mouvement avait pour but d’accentuer les aspects fétichistes des matériaux et des surfaces présents dans l’oeuvre. Les qualités décadentes des matériaux tels que l’ébène, la nacre, la céramique, l’or ou la soie sont à la fois intensifiées et abstraites à travers les mouvements de caméra et les macro-travaux. Je voulais utiliser cette façon de travailler comme un outil pour explorer les représentations de surfaces séduisantes et illusoires et, d’une certaine manière, pour accélérer leurs qualités hallucinatoires.
Mon utilisation de la HD fonctionne ici comme une contrepartie froide et contemporaine de la richesse naturelle et de l’exclusivité des objets artisanaux montrés dans cette vidéo, mais aussi des « imperfections » vivantes des corps humains pour imposer le sentiment d’une fusion temporelle compliquée des époques et des matérialités. Avec Drench, je voulais créer un espace ambigu à partir duquel explorer les relations et les dérapages entre le corps et le genre, les entités marchandes et les notions d’hédonisme et d’excès. Je m’intéressais aussi à créer un sous-courant de fausseté, de construit, un environnement qui ne vend rien et qui est fait de produits qui sont en réalité fabriqués à la main avec leurs propres irrégularités, créant ainsi une sorte de fusion entre ces objets et les corps environnants en dansant avec eux. Drench dépeint une série de publicités comme des vignettes, juxtaposant des plans fragmentés de corps qui ondulent avec ceux de mes propres objets fabriqués le tout logé dans un environnement manipulé. Par le biais de l’objectif ces objets existent alors dans un étrange arrière-pays, où ils sont retirés de leur aspect physique immédiat, leur permettant d’être situé quelque part entre artefact, luxure et proposition. Par le recadrage et la fusion de leurs fonctions, je souhaite que les objets de Drench ne soient pas considérés comme des points d’arrêt statiques, mais comme des outils d’activation. Autrefois basée sur l’image en mouvement, la sculpture, la peinture et les événements, ma pratique se concentre principalement sur la création d’environnements et d’objets immersifs qui, attirés par la séduction, cherchent à accéder au cérébral par l’expérience sensuelle.
Zoe Williams vit et travaille actuellement à Londres et est représentée par la galerie Antoine Levi, Paris.