mor charpentier, Paris
Saâdane Afif, Edgardo Aragón
Música de Viento est une pièce sonore réalisée à partir de bandes magnétiques récupérées dans les champs de la province de Oaxaca, et utilisées par les agriculteurs comme épouvantails rudimentaires. Agitées par le vent, ces bandes produisent des sons qui effraient les oiseaux et protègent ainsi les cultures de maïs.
Simultanément, les phénomènes climatiques interviennent sur les rubans en déformant la musique préalablement enregistrée dessus, et composent ainsi leur propre mélodie.
Edgardo Aragón est né en 1985 à Oaxaca, au Mexique. Il vit et travaille entre Oaxaca et Mexico.
Dans le travail d’Edgardo Aragón, les structures du pouvoir, de la violence et de la politique sont abordées dans des performances enregistrées qui sont des réactivations d’événements passés, mélangeant librement les lignes de l’histoire familiale et politique. L’artiste déclare : « mon travail évolue souvent autour de la façon dont le pouvoir d’un niveau supérieur est utilisé pour segmenter une grande partie de la population ». Ses vidéos, d’apparence sereine, montrent des scénarios formés par des paysages qui cachent en fait un discours politique, développant des récits inspirés des réalités sociales quotidiennes de son pays d’origine, le Mexique. Les oeuvres deviennent des documents d’une sensibilité lugubre qui attirent notre attention sur l’effroyable universalité des problèmes qu’il aborde.
Son travail a fait l’objet d’expositions individuelles dans diverses institutions, notamment au Museo de Arte Contemporáneo de Oaxaca (MACO), Mexique (2017) ; au CAPC, Bordeaux (2016) ; au Jeu de Paume, Paris (2016) ; à Tabacalera, Madrid (2014) ; au Museo Universitario de Arte Contemporáneo (MUAC), Mexico, (2012) ; au MoMA P.S.1, New York, (2012) ; et la Luckman Gallery, Los Angeles, (2012).
Il a également participé à de nombreuses expositions de groupe dans des institutions telles que le MAMM, Medellín, Colombie (2019) ; le Musée d’art de Beyrouth, Liban (2018) ; la Renaissance Society à Chicago (2018) ; le Jewish Museum, New York (2015) ; le Detroit Contemporary Art Museum (2015) ; Museo Amparo, Puebla, Mexique (2013) ; Kadist Art Foundation, San Francisco (2013) ; Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (2012 et 2011) ; San Francisco Art Institute (2011) ; Laboral Centro de Arte, Gijón, Espagne (2011) ; Palais des Beaux-Arts, Bruxelles (2010). Son travail a également été présenté à la 3ème Biennale des jeunes artistes de Moscou, à la 12ème Biennale d’Istanbul et à la 8ème Biennale du Mercosul, au Brésil, entre autres.
Ses films ont été projetés dans de nombreux festivals de cinéma à Werkleitz, en Allemagne, à Marseille, en France, et à Mexico, au Mexique. En 2015, Edgardo Aragón a fait partie du projet du Jeu de Paume Inventer le possible, Vidéothèque éphémère.
L’Éternité
Pour ce projet conçu sur plusieurs années, Saâdane Afif a repris la musique inspirée par ses oeuvres antérieures et l’a publiée en disque sous son label, avant de l’utiliser comme point de départ pour une nouvelle pièce.
Lors de l’exposition Feedback (2009), il a créé la maquette d’un décor pour un concert imaginaire, au cours duquel les chansons de ce disque seraient interprétées. Plus tard, pour l’exposition Blue Time, Blue Time, Blue Time… (2013), il a produit ce décor grandeur nature, avec trois rideaux ornés de rayons de soleil d’un orange éclatant.
Trois ans après, pour une exposition à l’Atelier Hermes à Séoul (2016), Afif a découpé ces rideaux pour créer une série de toiles, qu’il a encadrées en employant du plexiglas sur lequel étaient imprimées des images de vagues.
Inspirées par le poème d’Arthur Rimbaud, L’Eternité (1872), les œuvres étaient accompagnées de 13 chansons commandées à des amis artistes, et placées au mur dans l’espace d’exposition. Le texte écrit par Anri Sala que nous présentons ici en fait partie.
Ce processus créatif, initié en 2004 et consistant à demander à d’autres artistes ou auteurs de réinterpréter ses œuvres plastiques sous la forme de paroles de chansons, est une façon pour Afif de remettre en question le concept de l’œuvre d’art unique ou du créateur individuel.
Saâdane Afif est né en 1970 à Vendôme, France. Il vit et travaille à Berlin.
Son oeuvre multiforme fait appel au savoir-faire d’artisans, de musiciens et d’écrivains, dans des projets collaboratifs qui remettent en question le concept même de l’œuvre d’art unique ou du créateur individuel. Saâdane Afif, qui se décrit comme un “artiste conceptuel bavard”, utilise ainsi des formes de culture populaire, comme la musique, pour réunir les gens dans un moment partagé de créativité. A travers l’exploration de plusieurs médias (performances, objets, sculptures, textes, affiches, etc.), il provoque à la
fois l’effondrement et l’expansion de la notion de paternité créatrice.
Depuis 2004, il commande régulièrement à d’autres artistes et écrivains des paroles de chansons inspirées de ses oeuvres. Très vite, ces textes sont devenus un élément fondamental de la pratique de Saâdane Afif, en même temps qu’une remise en cause des notions d’interprétation et de perception d’une oeuvre d’art. Exposées au mur à côté des oeuvres, les chansons sont la matérialisation de ce qui se passe dans l’esprit du « regardeur » ; un processus d’interprétation inhérent à la relation entre l’art et son public.
Ses dernières expositions personnelles regroupent notamment : The Fountain Archives, Jumex, Mexico (2019) ; This is Ornamental, Kunsthalle Wien, Vienne (2018) ; Paroles, WIELS, Bruxelles (2018) ; Ici., Leopold-Hoesch Museum, Düren ; et Là-bas., La Panacée, Montpellier (2017-2018) ; The Fountain Archives, Centre Pompidou, Paris (2017) ; Quoi? – L’Eternité, Atelier Hermès, Séoul (2016) ; Vice de Forme: Das Kabarett, Hamburger Bahnhof, Berlin (2016) ; Das Ende der Welt, Museum für Naturkunde, Berlin (2015) ; ou encore Blue Time, Blue Time, Blue Time…, IAC Villeurbanne (2013).
Son travail a été présenté lors de la Documenta 12 (2007) ainsi qu’à la 56ème édition de la Biennale de Venise (2015).
Il a reçu le prix Marcel Duchamp en 2009 et le prix Meurice pour l’art contemporain en 2015.
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